It’s Your World par KAWAKAMI Junko
It’s Your World
Éditeur : Kana
Auteur : KAWAKAMI Junko
Date de sortie : 18/01/2013
Nombre de volumes : 2 (série finie)
Prix : 10,20 €
Collection : Made In
Genre : Tranche de vie, Témoignage
Résumé / Synopsis :
Lorsque le père de Hiroya est envoyé par son entreprise dans une succursale parisienne, toute la famille Suzuki déménage pour la France. Il n’est cependant pas si facile d’apprendre une nouvelle langue et de s’adapter à une nouvelle culture. Si pour Lumi, la grande soeur, Paris est synonyme de mode et de beaux garçons, Hiroya, lui, est beaucoup plus réservé. Comment se faire de nouveaux amis et s’approprier le mode de vie à la française ?
Pour l’heure, ce sont surtout les petits tracas de la vie quotidienne qui occupent les Suzuki : comment acheter du pain avec un billet de 500€ ? Comment trouver les ingrédients pour la cuisine japonaise ? Les Français ont parfois un comportement étrange…
(Source : Manga-News)
Critique de It’s Your World
Si vous cherchez une petite série, terminée de surcroît, qui parle de différences culturelles, notamment entre Français et Japonais, alors ne cherchez plus. Vous avez l’une de ces séries devant vous.
Car oui, It’s your world, c’est une série qui parle de ces différences. Par le regard d’une famille japonaise, mais surtout par les enfants de cette famille, des adolescents qui plus est. Ce qui veut dire qu’il s’agit d’une période déjà difficile à la base pour eux. Quoi de mieux que leur regard pour parler de ces barrières qui existent ?
C’est ce que nous propose KAWAKAMI Junko qui vit, et travaille en France depuis 2004. À son arrivée ici, elle a elle-même ressenti certains des sentiments de son héros.
Elle a vécu certaines des situations dans lesquelles il va se retrouver. On peut dire qu’elle s’est fortement inspirée de son propre quotidien, tout en se mettant à la place de cet adolescent. Car ce dernier ne souhaitait pas particulièrement venir en France. C’est sur décision du père de famille, qu’il se retrouve obligé de partir en Europe.
D’ailleurs, le lieu qu’a choisi le père pour loger sa famille à Paris est pour le moins étonnant et déjà en décalage avec le reste. Il a choisi Pigalle car c’était, semble-t-il, un rêve pour lui d’habiter ce quartier en particulier. Et disons-le clairement, ce n’est pas le plus fameux quartier à Paris. Du moins pour des étrangers qui débarquent en France et ne parlent pas forcément le français.
Car c’est la première chose que va aborder l’auteur : la barrière de la langue. Les enfants ne parlent pas français, ou vraiment très peu. Cela posera des problèmes d’intégration pour Hiroya, qui va se retrouver confronter à des jeunes de son âge qui ne connaissent le Japon que par certaines choses (Hello Kitty, Pokémon…). Autant dire que l’auteure met beaucoup d’humour dès le départ, tout en indiquant à quel point son héros a des difficultés.
C’est néanmoins ce qui fera la force de ce dernier car il va se prendre d’amitié pour une jeune fille. Elle finira par lui donner des cours de français, Fatima, et à l’initier à certaines traditions françaises.
À côté, on suit les périples maladroits de la mère de famille au marché, la façon plutôt cavalière et excentrique de la grande sœur pour s’intégrer elle-même (tout en essayant d’avoir un petit ami français) et le père de famille qui se sent tel un poisson dans l’eau à l’idée de travailler enfin en France, réalisant son rêve.
De la même manière, Hiroya va réussir par s’intégrer petit à petit grâce aux voisins : deux jeunes un peu en marge de la société qui l’écouteront chaque fois qu’il en aura besoin, et le conseilleront, en dehors de certains quiproquos provoqués délibérément bien sûr.
On peut dire que l’auteure aborde différents sujets : le fait que la mayonnaise japonaise manque à Hiroya (titre sorti en 2013), la découverte d’un nouveau pays avec le voyage scolaire en Angleterre, son anniversaire passé entre amis sur la butte Montmartre, la sœur qui joue des préjugés sur les bikers japonais pour apprendre sa langue maternelle à ses camarades de classe et tenter de faire plaisir à son frère aussi, avant de se prendre un râteau monumental qui va la faire douter de sa vie française…
Et bien sûr, les sentiments de tous ces collégiens face aux affres de l’amour et de l’amitié, Hiroya face à la plus belle fille de la classe, et non moins rebelle, Fatima, loin d’être un canon de beauté mais toujours présente pour lui, et ses copains pour le moins hors sujet parfois mais plutôt marrants aussi.
On peut dire que l’auteur aborde certaines thématiques du point de vue de Hiroya, tout en instillant des petites choses toutes japonaises au récit : comme l’arrivée de Hiroya où on écrit son nom au tableau, cela arrive en vérité rarement en France ou encore la fameuse scène de la bise française, où notre héros croit qu’il va tomber amoureux à la première bise de la plus belle fille de la classe avant d’en recevoir une aussi de Fatima…
En somme, on suit les déboires et les réussites de ce jeune japonais qui tente de se faire une place à Paris et qui jusqu’au bout ne vivra que de sa propre manière ! Quitte à ne plus vouloir rentrer au Japon…
Le dessin loin d’être exceptionnel à l’intérieur du livre, reste néanmoins très sympa, et même beau à certains passages. Le scénario, sous forme de petits sketch du quotidien est attirant, car facile et agréable à lire. À noter qu’à la base il était réalisé sous forme de feuilleton pour le site Mang’Arte. Avant d’être terminé définitivement en travaillant avec Kana pour sa publication.
Conclusion
Si vous souhaitez d’autres informations à son sujet, sur sa manière de travailler et le reste, plusieurs interviews et dossiers existent, dont une plus récente, basée sur la conférence « Manga et traduction » à la Maison de la Culture du Japon à Paris (2013), est présente ici : Manga et traduction : un lien étroit invisible mais crucial
La série se suffit donc à elle-même avec ces deux tomes, même si la fin reste ouverte, elle est largement suffisante. On est repus et on n’a pas besoin de plus. Une petite série qui ne paie pas de mine et qui possède un coup de crayon original et appuyé !