[Interview] Hiro Mashima : life is a Fairy Tail !
Avec plus de 50 tomes au compteur, Fairy Tail fait parler d’elle depuis de nombreuses années en France. Son auteur, le bien aimé Hiro MASHIMA a décidé de revenir en France pour fêter ses dix ans à l’occasion de Japan Expo 2016… Et je l’ai suivi de près avec Journal du Japon, retour sur ses échanges avec son public et la presse.
Passionné, acharné de travail et avec de l’imagination à revendre
Journal du Japon : Bonjour Hiro Mashima, et merci de nous accorder de votre temps pour répondre à nos questions ! Pour commencer, comment êtes-vous devenu mangaka ?
Hiro MASHIMA : Je dirai que cela a commencé grâce à mon grand-père. Il avait l’habitude de ramasser les mangas jetés dans la rue à l’époque (ndlr : au Japon cela est très courant de jeter les magazines n’importe où une fois lu car ils sont imprimés en vieux papier recyclable). Il me laissait ainsi les lire et tout est venu de là. J’ai voulu dessiner par la suite et voilà où j’en suis. En fait tout a vraiment commencer dès le moment où j’ai voulu créer mes propres personnages : j’ai alors su que je pouvais être mangaka et que j’avais du potentiel pour ça, pour faire quelque chose avec toutes mes idées.
Par curiosité, avez-vous pensé un jour être autre chose que mangaka ?
Un moment j’ai bien voulu être détective suite à la lecture d’un roman policier, mais je me suis vite rendu compte que ce ne serait pas possible (Rires), donc j’ai abandonné l’idée.
Comment pourriez-vous nous décrire votre journée type ou votre semaine type ?
C’est simple, je me lève, je travaille, je me couche (Rires). Pour détailler une semaine type ce serait ça : le dimanche je prépare mes nemus (ndlr :les storyboards), le lundi je vois mon éditeur pour en discuter avec lui, on le retravaille donc ensemble jusqu’à tomber d’accord tous les deux. Le mardi je fais les crayonnés tirés du storyboard. Du mercredi au vendredi j’encre les planches afin de les rendre à l’éditeur. Mes assistants viennent aider sur cette période du mercredi au vendredi, seul moment où ils sont là : deux aux arrière-plans et deux aux finitions. Le samedi, enfin, si j’ai du travail de colorisation ou autre je le fais, sinon j’en profite pour me reposer. Mais autant dire que ça fait très longtemps que je n’ai pas eu de vrai jour de repos ! (Rires)
Comment faites-vous pour tenir ce rythme si soutenu ?
Je crois que j’y arrive surtout parce que j’ai le soutien du public et de mes lecteurs derrière moi.
Vous souvenez-vous justement du dernier jour où vous n’avez pas dessiné ?
Hum… même en vacances je dessine, donc ça doit faire plus de dix ans (Rires).
Comment créez-vous vos personnages ?
Je réalise beaucoup de croquis avant de créer un personnage définitif, je le mets en situation un peu avant également. Après, chaque personnage c’est plus ou moins un peu de moi indirectement. Natsu me ressemble quand j’étais enfant. Enfin comme je l’étais un peu à l’époque. Lucy quant à elle, c’est ma partie artistique qui s’exprime par exemple. Et Happy, c’est le fait que j’aimerais être comme lui parfois : dans un coin à rêvasser, sans rien faire de précis.
Quelles sont vos inspirations pour Fairy Tail afin de finaliser vos personnages ?
Je regarde beaucoup de film, de dessins animés aussi, je lis autant que possible. En dehors de ça je prends l’inspiration autour de moi, dans mon entourage (de la famille, des amis), dans les gens avec qui je travaille, dans la vie quotidienne de manière générale. Par exemple, quand je suis allé aux États-Unis j’ai rencontré un journaliste qui avait une personnalité très haute en couleur. Il était assez impressionnant. Donc je me suis dit « et si j’en faisais un personnage ? ». Et je l’ai mis dans le manga. Ça sera peut-être vous la prochaine fois ! (Rires) Et en terme d’influence, je pourrai citer Dragon Ball quand même : surtout quand j’étais petit car je trouvais Goku super cool à l’époque.
Essayez-vous de lire et voir autre chose lors de votre temps libre, et qu’est-ce qui vous a marqué ?
Ce n’est pas un film mais une série télé, mais je suis un grand fan de Games of Thrones. En jeu vidéo dès que j’ai du temps je le passe sur Overwatch, où je me fais tout le temps écraser d’ailleurs (Rires). J’écoute pas mal de musique aussi comme du punk/rock également.
Fairy Tail, la vie d’une série fleuve
Si on va un peu plus loin par rapport à la création de Fairy Tail… Quelle en serait sa genèse et comment cette série est née véritablement ?
Le point de départ à la série, c’est que dans Rave (ndlr : première série de l’auteur, disponible en France chez Glénat), j’avais un personnage principal qui parcourait le monde… et ça me posait vraiment des difficultés de le faire agir : de le déplacer, de le gérer tout simplement. Trop de voyages, ce n’est pas simple à traiter. Donc pour Fairy Tail, j’ai voulu plutôt un personnage qui se trouverait un groupe d’amis dans lequel il resterait et avec lequel il n’irait pas trop loin, car c’était plus facile à porter comme projet pour moi. Mais au fur et à mesure que je dessinais, je me suis rendu compte que l’histoire était tout aussi lourde à porter ! (Rires)
Si on compare en effet Fairy Tail à Rave, on voit qu’il y a tout une succession de petits arcs, au fur et à mesure de la série. Savez-vous vers où vous vous dirigez chaque fois ? Ou inventez-vous selon vos envies ?
Je fais ces arcs pour donner un certain tempo assez rapide, et du mouvement. D’une manière générale, j’ai une idée de ce que sera la fin de l’arc en cours. Mais pas forcément ce qu’il y aura au début et au milieu. Donc quand je termine un chapitre, comme je ne sais pas forcément ce qu’il y aura derrière… J’ai parfois de légères hésitations et là ça m’arrive de me dire « Ok, je sais que ça se terminera comme ça, mais si ce personnage meurt, qu’est-ce que je vais faire ensuite ? » (Rires).
Pour aller un peu plus loin, comment créez-vous chaque nouvel arc à l’instar des personnages ?
Globalement j’essaie de me mettre à la place du lecteur et de ce qu’il aimerait lire : comment il voudrait voir évoluer l’univers. Dans le cas de l’arc d’Edolas par exemple, je m’étais dit que ce serait intéressant de proposer les personnages que les lecteurs connaissaient dans une personnalité très différente, à l’opposé de ce qu’ils avaient l’habitude. C’est de cette manière que j’ai créé cet arc avec une histoire tournée différemment : c’est donc en me mettant à la place du lecteur que j’en suis arrivé là et que je dessine chaque arc.
Ayant fait cette interview pour Journal du Japon, je vous invite à lire la suite sur l’article original : en cliquant ici > Interview de Hiro Mashima pour les 10 ans de la série.
Et sinon retrouvez Hiro MASHIMA sur son Twitter officiel. Et plus d’informations sur Fairy Tail sur la fiche de la série aux éditions PIKA.
Merci beaucoup !