[Conférence] Manga et traduction : un lien invisible, étroit… mais crucial !
Le 9 février 2016 se déroulait une conférence autour du manga à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Une conférence nommée « Manga et traduction », sur l’importance du texte et de la langue. Tout en décrivant les spécificités japonaises concernant la bd japonaise. À cette occasion, la mangaka Junko KAWAKAMI s’est portée volontaire, avec sa traductrice, pour un débat aussi naturel que passionnant. Journal du Japon les a rencontré et a recueilli pour vous leurs retours.
La conférence portait sur les œuvres de Junko KAWAKAMI, particulièrement sur sa série It’s your world publiée en France en 2008 puis 2013, pour le second tome. Patrick Honnoré, traducteur, animait le débat et remettait en place le contexte des différentes séries de l’auteure, toutes en lien avec la France. En effet, il faut savoir que l’auteure elle-même habite dans notre pays depuis 2004 et s’inspire donc fortement de son propre quotidien.
Ce qui ressort dans It’s your world, mais aussi dans Paris Paris Densetsu (publié uniquement au Japon) où elle relate son propre quotidien de façon quasi autobiographique. Quand on la questionne sur le sujet, elle estime qu’il s’agit d’un manga très personnel. Elle ne souhaite pas sa publication en France pour les divers sujets qu’elle aborde qui risqueraient de nous froisser.
La série est néanmoins toujours en cours aujourd’hui. Récemment elle a débuté une autre série, Flora, un manga se passant à la Belle époque française. Pour ce dernier, elle est partie d’une carte postale achetée en France lors d’une visite dans une brocante. Une vieille carte où un texte est écrit, celui d’une jeune femme. Elle s’inspire de ce dernier pour imaginer Flora et son quotidien. Peut-être pourrons-nous espérer un jour la voir publier en France ? Là encore, le public visé étant essentiellement nippon, l’auteure ne souhaite pas qu’il soit publié en France. Pour le moment en tout cas.
Une conférence intimiste et familiale
La conférence s’est déroulée autour d’un kotatsu (= table chauffante), avec thé et clémentines. Un lien assez intimiste pouvait alors s’installer entre les trois acteurs. La mangaka, sa traductrice et Patrick Honnoré échangeaient en toute simplicité, à l’image d’une après-midi hivernale où l’on discute de choses et d’autres. Cette atmosphère détendue était étayée de quelques images mettant en avant certains points importants de It’s your world, qui sont venus ponctuer le débat du début à la fin.
Plusieurs fois, le rapport entre le point de vue japonais de Junko KAWAKAMI et le point de vue français de la traductrice Misato Kakizaki-Raillard (aussi traductrice de Doraemon et La Rose de Versailles) fut mis en avant. L’auteure estime d’ailleurs ne pas avoir réfléchi en terme de facilité pour la traduction. Elle a plutôt cherché à rendre les différentes situations les plus simples possible. Tout en gardant l’âme japonaise de ses protagonistes. It’s your world raconte en effet le quotidien d’une famille japonaise qui, sur mutation du père de famille, arrive en France pour trois ans. Les deux enfants, qui ne souhaitaient pas déménager vont devoir s’acclimater bien malgré eux.
On s’intéresse de près à leur quotidien et leur apprentissage de la vie française. Particulièrement celui du plus jeune, Hiroya, qui a du mal à s’adapter. Très vite l’auteure choisit de montrer une tradition toute française qui l’a elle-même surprise en arrivant chez nous : la bise. Dès le second jour de cour, Hiroya reçoit en effet la bise de deux filles de la classe, ce qui le chamboule totalement. Entre la plus belle fille, qui fait croire au coup de foudre, et la seule fille qui lui a vraiment adressé la parole, il ne sait comment réagir. À ce sujet, l’auteure indique qu’elle est partie de son propre ressenti. Mais aussi de celui d’autres Japonais vivant en France, comme J-P. NISHI (évoquer par Journal du Japon ici), et qui a aussi adapté la scène de la bise à la française.
J’ai participé à cette interview/conférence pour Journal du Japon. Je vous invite à lire la suite sur l’article original : en cliquant ici > Conférence sur la traduction à la MCJP.
Crédit Photo : Alexandre aka Merlin pour ©journaldujapon.com