Les contrées sauvages, la nature sinon rien par Jiro Taniguchi
les contrées sauvages
Éditeur : Casterman
Collection : Sakka
Auteur : Jiro Taniguchi
Date de sortie du 1er volume : 03/09/2014
Date de sortie au Japon : 28/05/2012
Nombre de volumes : 2 (série finie, un seul au Japon)
Prix : 13,95 €
Genre : Tranche de vie, Nature, Animaux, Aventure
Résumé / Synopsis :
Au milieu d’une nature cruelle et ses créatures hostiles, l’homme est la proie de tout, et surtout de lui-même.
Dans cette anthologie en deux tomes, nous découvrons une facette encore méconnue en France de l’œuvre de Taniguchi : l’époque où, nourri de bande dessinée européenne, il s’essayait à la BD de genre en y insufflant ce qui est aujourd’hui encore, sa marque de fabrique : un immense talent de raconteur d’histoires.
(Source : Manga-news)
Critique de les contrées sauvages
Autre article que je sors du placard : ce magnifique titre de Jiro Taniguchi, un auteur que j’affectionne. Ce billet a été écrit en 2014, et un second en relation directe sortira mercredi. Bonne lecture !
Cette anthologie qui reprend les projets de Taniguchi de 1975 à 1986, est publiée en deux volumes distincts.
On apprécie de pouvoir découvrir les premiers vrais travaux de l’auteur, et ainsi admirer qu’à l’époque déjà il réalisait la base de tous ses travaux à venir.
On aperçoit ainsi aisément à quel point le style de Jiro Taniguchi a évolué, bien qu’on le reconnaisse déjà facilement. Ces différents travaux, des nouvelles pour la plupart, ont été réalisés alors qu’il était indépendant, et non plus assistant ou en partenariat avec l’un de ses deux maîtres.
Il s’agit donc simplement de dix ans de sa vie, en dehors de ce qu’il a pu faire à la même période sur Trouble is my business et Au temps de Botchan.
On le sait tous depuis longtemps à présent, Taniguchi n’a cessé de s’inspirer d’auteurs franco-belges célèbres, et des BD occidentales afin de se forger une ambiance propre à son dessin et son écriture dans ses propres créations, de même qu’il a puisé dans les mangas une façon de pouvoir rendre encore plus dynamique ses pages.
Cette anthologie est là pour montrer à quel point les BD d’alors ne cessaient de l’inspirer.
On a droit ainsi à deux volumes, le premier étant tourné exclusivement vers les terres de l’Ouest américaine, et les indiens, voir les cowboys, mais aussi vers les terres reculées du Japon.
Très vite on voit qu’effectivement la Nature a une place énorme dans ce qu’il produit, et le premier volume de cette anthologie s’y rapporte avec brio.
Le premier tome est séparé en deux parties bien distinctes, mélangeant toutes deux des travaux s’étalant de 1975 à 1985. La première partie, intitulée « Légendes de l’Ouest » permet de placer quelques nouvelles sur le sol américain, en référence à certains acteurs célèbres liés aux indiens, comme Géronimo, Long Knife ou encore Charbonneau. Taniguchi, avec son regard unique nous dépeint des rocheuses plus sublimes que réelles, mais surtout extrêmement cruelles à leur manière. Car l’auteur ne cesse d’indiquer que la Nature reprend souvent ses droits. Les références à l’univers des westerns également sont bien menées, on sent que cela intéresse fortement Taniguchi, et sa propre vision de la chose n’en est que plus subjuguant.
La deuxième partie quant à elle est nommée « Le Prédateur ». Dans cette dernière se succéderont de nombreuses nouvelles en rapport avec les animaux, dont une se plaçant dans un univers futuriste, et peut-être celle qui est la plus poignante à mes yeux « Tchango ». Mais elles se placent pour la majorité au Japon cette fois, comme celle se passant dans les montagnes proches d’Hokkaido où l’auteur va mettre face aux hommes un grizzli colossal et toute leur faiblesse.
En somme, on découvre avec plaisir les débuts de cet auteur qui deviendra aussi prolifique par la suite. On reconnaît sa narration si particulière, bien qu’on puisse admettre qu’elle n’est pas encore idéale et totalement fluide. Le dessin cependant est pratiquement là, les décors sont bien reproduits et saisissant de réalisme déjà, et les visages des personnages, plus rond peut-être démontrent la base qu’il prendra par la suite pour ses autres histoires. On comprend néanmoins d’où lui vient cette envie de toujours faire référence à la Nature, et à la place de l’Homme dans cette dernière.
Je ne sais si cela est fait exprès, mais une petite référence aux Sommets des Dieux dans ce tome est réalisée, en parlant d’une montagne. Doit-on y voir un signe pour la série qu’il en fit par la suite ? On peut penser qu’il y a un rapport, surtout quand on voit que ce premier tome est tourné vers la montagne en grosse majorité.
Bien qu’on remarque certaines faiblesses dans le dessin ou la narration, on ressent tout le potentiel de l’auteur et tout son talent, et on ne peut que suivre avec délectation ces petites nouvelles, savourant chaque chute avec délicatesse.
Conclusion
Mon point négatif revient à l’édition : tout d’abord je suis parfaitement « outragée » par la faute de frappe dans le titre de l’anthologie, oublier de mettre une majuscule me hérisse le poil ! J’espère que c’était voulu, autrement, cela dérange un peu. De même que la même typo est utilisée pour la narration à l’intérieur du livre, et ça aussi, ça me gêne, ça fait très peu travaillé, et je trouve ce point assez dommage.
Néanmoins les quelques pages couleurs présentes çà et là dans le tome permettent de rehausser ce point négatif, tout comme la préface, plutôt intéressante donnée au début du tome avec des citations d’autres dessinateurs à propos de Jiro Taniguchi, cela permet de percevoir son travail à travers d’autres bédéiste et on apprécie.
Je ne dirai qu’une chose : j’ai hâte de découvrir la suite dans le second et dernier tome, en espérant qu’il saura toujours autant nous transporter dans son univers hors du commun. > prochain billet en ce sens en approche 🙂